Une aventure révolutionnaire

Une mesure républicaine

En 1790, Prieur de la Côte-d’Or présente un mémoire à l’Assemblée nationale qui se prononce le 8 mai en faveur d’un système de mesures uniforme et simple qui pourrait être adopté par le monde entier. L’unité de base serait la longueur d’un pendule battant la seconde.

Une commission, proposée par Borda, est mise en place avec Condorcet, Laplace, Monge. Elle écarte le projet initial et propose un arc terrestre.

L’Assemblée nationale adopte alors, le 30 mars 1791, la proposition de l’Académie des sciences d’une unité fondée sur la grandeur du quart du méridien terrestre : le mètre sera la dix millionième partie de cette grandeur

Une aventure rocambolesque

L’Assemblée Nationale décide alors de calculer la longueur de l’arc de méridien entre Dunkerque et Barcelone. Cette mission est confiée à deux mathématiciens, Jean-Baptiste Delambre pour la partie nord, et Pierre-François-André Méchain pour le Sud.

Ils démarrent avec enthousiasme leur expédition, muni d’un nouveau instrument prometteur : le cercle de Borda. Ils pourront ainsi mesurer une succession de triangles avec une précision inégalée…

Les voilà donc partis, nous sommes en juin 1792

Mais les temps sont troubles…. Dans une France attaquée, le soupçon est facile ! Les voilà en butte à l’incompréhension, à la méfiance aussi : on leur confisque leur matériel, ils  se retrouvent parfois en prison, sont suspectés d’espionnage ou d’être des aristocrates en fuite…

Delambre, après une étape difficile autour de Paris, arrive dans le Nord et croise le front de volontaires contre l’envahisseur… Mais, en 1794, alors qu’il se trouve près d’Orléans, il se voit supprimer son ordre de mission. De retour à Paris, il est interrogé, son sort est incertain… On est en pleine Terreur !

Méchain, lui aussi, affronte l’adversité. De l’autre côté de la frontière, les Espagnols, en guerre contre la France, lui confisquent argent et matériel, et le retiennent dans le pays. Il ne pourra en partir qu’en juin 1794.

Comble de malheur, lors de la vérification de ses calculs, il se rend compte que ses mesures sont incohérentes ! (On sait maintenant que c’est dû à l’attraction des Pyrénées sur les trajectoires des instruments de mesure…) Mais lui est persuadé d’avoir commis une erreur irréparable, et se terre comme un reclus à Carcassonne !

C’est aussi une belle histoire d’amitié… Delambre refuse, malgré les pressions, d’abandonner Méchain : il le convaincra de présenter leurs travaux à l’Assemblée en juin 1798… 

L’aventure aura duré six ans !

Le 10 décembre 1799, la base légale du mètre devient l’étalon de platine déposé aux archives.

La Convention Nationale, afin de généraliser l’usage du système métrique, fit placer seize mètres étalons en marbre dans les lieux les plus fréquentés de Paris.

Ces mètres furent installés entre février 1796 et décembre 1797. Celui-ci est l’un des deux derniers qui subsistent à Paris et le seul qui soit encore sur son site originel.

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