Fabriquer un mètre en bois

Un environnement propice

La haute-vallée de l’Aube dispose depuis le Moyen-Âge de nombreuses ressources pour l’activité industrielle.

En ce qui concerne les usines de mètre, la première richesse est l’eau , qui fournit l’énergie nécessaire aux scieries pour débiter le bois : c’est le cas du moulin du bas à Juvancourt, qui alimente la société Chantrenne.

L’eau

En ce qui concerne les usines de mètre, la première richesse est l’eau , qui fournit l’énergie nécessaire aux scieries pour débiter le bois : c’est le cas du moulin du bas à Juvancourt, qui alimente la société Chantrenne et de celui de Laferté-sur-Aube.

Une exception : la scierie de la Chambaroise, dépendant de la société Thévenard, qui fonctionne au bois, et est pour cette raison surnommée « la scierie à vapeur ».

Le bois

La couche végétale dans les zones boisées étant très faible, de l’ordre d’une dizaine de centimètres, les bois utilisés pour la confection des instruments de mesure, le charme et le hêtre poussent en grande quantité dans cet environnement.

Le hêtre :

Cet arbre se plaît en plaine et en légère altitude, surtout dans l’est de la France (1.292.059 ha). Il peut vivre jusqu’à 500 ans, mais il est exploitable à partir de 100 ans.

Sa rétractabilité est élevée. Il est dur, lourd, très altérable, avec une résistance moyenne à la compression. Sa résilience est moyenne et assez nerveuse. Un peu raide à la flexion, il est peu fissile et sa stabilité est faible à modérée. Facile à usiner, il doit être séché car il s’imprègne facilement, se teint, se peint, se cintre aisément. Le sciage est parfois difficile.

Il a été très utilisé pour les articles de mesure qui sont constitués en un seul élément, dit « toiliers »7. En outre, on pouvait l’utiliser dans la fabrication d’un charbon de bois d’excellente qualité pour les forges et verreries.

Le charme :

Il vit dans les zones à climat continental, à sols frais, surtout en plaine. Son système racinaire peu profond le rend sensible au vent et à la sécheresse. Il est courant en France. Il vit 150 ans.

Son bois est lourd, très dur, résiste particulièrement bien au fendage et à l’usure par frottement et se polit aisément. Il est cassant, très nerveux et peu fissile. Très bonne résistance à l’abrasion, il résiste aussi bien au froid qu’à la chaleur. Son utilisation abonde dans le nord-est de la France.

Sa résistance mécanique est élevée, ainsi que sa rétractabilité. Sa texture est homogène, avec un grain très fin. Il est difficile à usiner, à scier, raboter, à fendre ou à clouer. Il se visse et se colle bien.

Facile à polir, à profiler, à cintrer, à tourner, à colorer, il a un séchage délicat. C’est l’arbre le plus dur de nos régions. Il servait pour tailler les engrenages de moulin, les instruments de précision (règles graduées, équerres, etc.). Lui aussi fournissait un très bon charbon de bois.

Le buis :

Il était acheté au Venezuela, en forêt tropicale, car l’essence de France est beaucoup trop mince. En 1954, il arrivait en grumes, achetées 80 francs le kilo, soit 22 € en pouvoir d’achat actuel.

Les gestes du métier

De nombreuses opérations jalonnent le processus de fabrication, depuis le délignage des grumes jusqu’au poinçonnage du produit fini.

Le bois est débité en plusieurs formes, puis trié, poncé, scié en fonction de la position de la branche dans l’outil. Les branches sont ensuite gravées et assemblées.  Après finition, il arrivera par la suite qu’on y appose des messages publicitaires. Enfin les mètres sont vérifiés régulièrement, puis emballés pour expédition.

Si le processus reste fondamentalement le même, on passera d’une production à la main à une production de plus en plus mécanisée : en 1969, la société Thévenard, avec 70 personnes, produit 19000 mètres par jour.

C’est la concurrence du mètre ruban métallique et d’exportateurs mondiaux qui mettre fin à cette aventure…